Revivre la mort de Vincent Van Gogh. Tel est le but du film La Passion Van Gogh (Loving Vincent), réalisé par Dorota Kobiela et Hugh Welchman et sorti en 2017. Parmi les dizaines de films biographiques qui existent sur le peintre néerlandais, ce projet britannico-polonais se démarque sans hésitation par sa forme et technique. En effet, il s’agit d’un film entièrement peint et animé, qui a nécessité des années de travail, quelques dizaines d’artistes peintres et plusieurs ateliers d’animation en Pologne, Angleterre et Grèce. La production a également travaillé avec des acteurs incarnant les personnages des peintures pour avoir des références : nous retrouvons ainsi Robert Gulaczyk dans le rôle de Van Gogh, ou encore Douglas Booth est Armand Roulin. La Passion Van Gogh a été récompensée à plusieurs occasions : Prix du Public du Festival international du film d’animation d’Annecy 2017, Meilleur film d’animation étranger au Golden Trailer Awards en 2017, ainsi que Meilleur film d’animation au Festival de Shanghai en 2017.
L’action se passe en 1891, soit un an après la mort tragique de Van Gogh. Le public suit d’abord l’histoire d’Armand Roulin, chargé par son père, Joseph Roulin, de transmettre une vieille lettre à Théo Van Gogh, frère du peintre. Armand s’engage alors dans son aventure et retourne à Auvers-sur-Oise pour retracer les derniers jours avant la mort de Vincent. Le héros fait face aux différents témoignages de l’entourage de Van Gogh, passant de l’admiration au mépris total. Cette intrigue est animée dans le style de Vincent Van Gogh et reprend plus de 100 tableaux du peintre.
En parallèle, chaque témoignage est accompagné d’un flashback illustrant l’épisode raconté de la vie de l’artiste néerlandais. L’animation est alors en noir et blanc et dans un style très réaliste qui retransmet la tragédie autour de la mort de Van Gogh et arrive à faire oublier par moment au public qu’il s’agit d’animation. Même si l’enchaînement entre les témoignages et les flashbacks se fait des fois de manière artificielle, nous avons l’impression d’assister à une enquête policière dont, bien que nous connaissions la fin, arrive à nous surprendre et émouvoir.
C’est évidemment un film que je recommande fortement, non seulement pour son aspect éducatif, car il s’agit d’un vrai travail de recherche : les réalisateurs se sont appuyés sur des photographies originales de l’époque et plus de 800 lettres de Vincent Van Gogh, mais aussi pour l’expérience unique qu’il procure. Un détail qui m’est resté en tête est sans doute le détail dans l’animation des tableaux au niveau des expressions du visage et des mouvements des mains.
Ce film reste avant tout un voyage dans le temps, qui ne cherche pas à résoudre le mystère de la mort de Van Gogh, mais à nous faire part de l’univers de cet artiste incompris de son vivant, tout en suscitant des émotions fortes au public.
Eliza Hermetz
Élève de terminale de l’option cinéma-audiovisuel