Zoom sur Magdalena Śliwińska 

avril 10, 2022

Avant d’appuyer sur le bouton rouge et recueillir le témoignage de Mme Magdalena Śliwińska, quelques explications techniques relatives à la prise de vue sur fond vert (voir article Ainsi fond, fond, fond) proférées par M. Bastien Loiseau, intervenant extérieur. Quoi de mieux qu’un vrai chef opérateur pour nous initier et nous accompagner dans ce tournage délicat et exigeant.

Chaque élève de l’option a mis la main à la pâte : Anna Maria à la réalisation, Matheo à la caméra, Joseph au son, Michelle au clap, et Hortense, photographe de plateau. Quant à moi, j’avais pour mission de rédiger le présent article. M. Fabrice Hourlier faisait également partie de l’équipe et orientait Mme Śliwińska dans sa prise de parole.

Derniers préparatifs, mise en place des caméras, du son et du décor. Tout est fin prêt. Silence plateau ! Ça tourne !

Version polonaise en cliquant ici

En novembre 1981, Mme Śliwinska commence à travailler au Lycée français de Varsovie. Mais cela devient vite compliqué, car il était difficile de s’y rendre. Mais Mme Śliwińska n’abandonne pas ses cours d’allemand et en donne à domicile, particulièrement aux élèves habitant Saska Kępa.

Puis, Mme Śliwińska nous apprend qu’à l’époque, les relations entre les élèves et les professeurs étaient beaucoup plus spontanées et authentiques. On ne se faisait pas de souci, alors qu’aujourd’hui, on se pose trop de questions. Pour preuve, des photos de rencontres avec ses élèves à Zakopane où de longues marches étaient organisées et des festivités chez elle pour célébrer l’obtention du bac. Tout cela ne serait plus possible de nos jours. 

En 1986, Mme Śliwińska organisait un premier voyage à Berlin (il y en eut ensuite tous les ans), quand le mur existait encore. Et oui, le mur n’est pas tombé il y a si longtemps que ça ! Toute la classe habitait à la caserne en zone française, ce qui devait être stressant, mais pas inintéressant. Aussi Mme Śliwińska devait-elle demander chaque matin au chef de la caserne si elle pouvait passer le mur.

Ensuite, petit voyage au nord-ouest de l’Allemagne à Emden où sa classe y a fait des échanges avec une école allemande. Les élèves de Varsovie en direction d’une petite ville, et inversement, ceux d’une petite ville se retrouvaient dans une grande. Ce qui a le plus captivé ces derniers était le centre commercial Złote Tarasy, car cela n’existait pas encore en Allemagne. C’était assez drôle, car pendant ce voyage, les élèves de Varsovie ont visité une ferme et vu pour la première fois des vaches de près. Et oui, comme vous le savez, la Basse-Saxe est connue pour son agriculture… et ses vaches…

2013 ou 2014, d’autres voyages en Basse-Silésie sur les traces des relations polono-allemandes durant la seconde guerre ont été organisés, dont un à Morawa où tout le monde y logeait dans un très beau château. C’était une véritable aventure que d’y habiter avec la propriétaire. En nous montrant la photographie de Krzyżowa (ancien nom allemand Kreisau), ville à quelques kilomètres de Morowa, Mme Śliwińska nous partage une anecdote historique. Dans cette petite ville, le juriste Von Moltke y avait organisé, sans succès, le premier attentat contre Hitler. De plus, rappelons-nous qu’« Á Krzyżowa se sont rencontrés Masowietsky et Kohl, car avant la chute du mur, l’Allemagne voulait assurer à la Pologne que la réunification de l’Allemagne ne devait pas angoisser la Pologne ».

Mais revenons au lycée avec une photographie de céramique que Mme Sliwińska nous présente en nous demandant si cela nous rappelle quelque chose, car nous passons à côté tous les jours. Cette céramique a été faite par ses élèves suite à un travail mené sur Rainer Maria Rilke, poète autrichien que Mme Śliwińska aime tout particulièrement.

Il sera question ensuite du cinéma polonais qui a mis presque 20 ans, après la chute du mur, avant d’évoquer la période communiste, alors qu’en Allemagne, dès 2006, Das leben der anderen (La vie des autres) mettait déjà en scène un écrivain espionné par la STASI (police secrète de la RDA). Mme Śliwińska avait d’ailleurs réservé une salle au Palais de la Culture et de la Science, pour l’avant première de ce film. A cette époque, se trouvait au rez-de-chaussée du Palais de la Culture, un restaurant syrien où de régulières rencontres avec les élèves de l’école Willy-Brandt (école allemande de Varsovie) et leurs parents avaient lieu.

Avant la chute du communisme, les effectifs étaient élevés, faute de concurrence. Il n’y avait que deux lycées étrangers, le Lycée français et le Lycée américain. Ce n’est qu’après que d’autres écoles ont vu le jour. 

Nous apprenons aussi que certains anciens élèves du LFV sont devenus des célébrités, comme Nicole Soszyńska, connue en Pologne dans les domaines du design et de l’architecture. La propriétaire de la bijouterie Lilou était également un ancienne élève. « Nos élèves, on peut être fiers d’eux. »

« Aujourd’hui, il faut travailler plus, il faut être mieux préparé, car les élèves ont accès à tout, c’est facile de vérifier ce qu’on raconte. Avant, on travaillait juste avec les tableaux, notre mémoire ou des notes », ajoute-t-elle. Aujourd’hui, pour maintenir un haut niveau, cela demande beaucoup de travail et de détermination de la part du professeur. 

Mais quoi que nous fassions dans la vie, il importe d’avoir une passion, source de force, comme nous le conseille Mme Śliwińska, qui grâce à l’équitation, a toujours pu voir le bon côté des choses. 

Et pour terminer, quelques mots d’espoir et d’espérance en allemand « Wir sind Auf der Welt nur langsam und so wie auf dem Gemälde von Caspar David Friedrich müssen wir immer in die Zukunft schauen ».

Coupé !

Mais cela n’est pas encore terminé, car après ce tournage, vient le temps du dérushage avec plus d’une trentaine de minutes d’images à visionner. Objectif : condenser, synthétiser l’information, raconter et monter une histoire en 5 minutes environ. Heureusement, Mme Agnieszka Kowalczyk, monteuse de son état, a pu nous mettre sur la voie lors d’une séance très instructive.

Après avoir sélectionné les propos qui d’un commun accord semblaient pertinents, à nous de manipuler le logiciel de montage et finaliser le projet.

En espérant que cela vous plaise !

Aurélia Steger

Élève de seconde de l’option cinéma-audiovisuel