Gaultier Vendioux, 26 ans, ancien élève du Lycée français de Varsovie, revient avec nous sur son parcours personnel et professionnel depuis sa scolarité au LFV. Aujourd’hui en pause professionnelle en Argentine après 7 ans de travail ininterrompu, il nous parle de ses études au Canada et de ses diverses expériences de création et de gestion d’entreprises dans le domaine de la restauration…
QUEL A ÉTÉ TON PARCOURS APRÈS LE LFV ? QUEL MÉTIER EXERCES-TU AUJOURD’HUI ?
Après mon BAC, j’avais candidaté pour différentes écoles à l’étranger et j’ai été accepté à l’Université McGill au Canada. À 18 ans, j’ai donc fait mes valises et je me suis installé là-bas. À McGill, j’ai fait une licence en commerce, spécialisation finance et gestion du développement durable. J’y ai appris notamment la comptabilité et les ressources humaines, mais pas vraiment le commerce. C’est en effet difficile d’enseigner le commerce, car la fibre commerçante, « on l’a ou on ne l’a pas ».
Au sortir de cette licence, je me suis lancé directement dans les affaires car je voulais d’abord travailler avant de continuer les études. Aujourd’hui, je ne sais pas si je peux dire que j’ai un métier au sens traditionnel du terme. Si je devais expliquer qui je suis, je dirais que je suis commerçant. Pendant 7 ans, j’ai enchaîné les créations et la gestion d’entreprises…
J’ai dans un premier temps lancé une entreprise de rouleaux sushis végétariens durant mes études (inspirés des handrolls de Pologne), ça s’appelait Rawlin ! J’ai mené ce projet pendant 1 an et demi. Je me suis ensuite associé avec un ami pour créer une plateforme de logistique traiteur entre des restaurants et des organisateurs d’événements, qui s’appelait Mache. Ça a très bien marché, mais j’ai été contraint ensuite de vendre mes parts après seulement 10 mois de coopération.
J’ai par la suite aidé des petites entreprises alimentaires végétariennes à vendre leurs produits dans des grandes enseignes de supermarchés. Enfin, j’ai rencontré un gros acheteur à qui j’ai revendu mes sushis végans et j’ai mené ce projet pendant encore un an sous le nom de Nofish.
Après 7 ans de travail ininterrompu, j’ai décidé de faire une pause. Je suis en ce moment à Buenos Aires afin de recharger mes batteries avant de repartir sur de nouvelles bases.
QU’EST-CE QUI TE PLAÎT LE PLUS DANS TON TRAVAIL ?
Personnellement, j’adorais la restauration et l’idée d’avoir un impact social.
Ce qui me passionne le plus dans le monde de l’alimentaire, c’est que c’est un secteur relativement ancien et géré par des personnes avec des routines assez conservatrices. Il y a donc beaucoup de place pour innover !
Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est le challenge, le risque et l’adrénaline qui va avec. Il faut être prêt à tout perdre, ou à tout gagner ! Ce n’est pas donné à tout le monde.
COMMENT T’ES-TU ADAPTÉ À UN ENSEIGNEMENT ANGLOPHONE ? L’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS ISSU DU LYCÉE T’A-T-IL AIDÉ ?
J’ai dû d’abord passer un test qui s’appelle le IELTS pour démontrer mon niveau d’anglais. Je l’ai passé à l’époque à Wrocław avant mon départ.
Avant d’aller à Varsovie, j’avais vécu 4 ans en Angleterre et passé beaucoup de temps à l’étranger. Mon niveau d’anglais avant d’arriver au Canada était donc déjà bon. L’enseignement de l’anglais au LFV m’a surtout permis de maintenir mon niveau.
L’enseignement anglophone est cependant très différent de ce que l’on retrouve en France.
Aussi, Montréal est une ville où le dépaysement n’est pas total : même si tous les cours à McGill sont en anglais, on parle aussi français dans la rue !
SELON TOI, QUELLES SONT LES DIFFÉRENCES MAJEURES ENTRE L’ENSEIGNEMENT ANGLO-SAXON ET FRANÇAIS À L’UNIVERSITÉ ?
L’une des principales différences est qu’on nous donne beaucoup de libertés dans le système anglo-saxon. Les étudiants peuvent choisir leurs cours, leurs professeurs et leur emploi du temps. Ils suivent également très peu d’heures de cours, ce qui peut à la fois être un avantage pour se développer d’un point de vue personnel, mais aussi un risque lorsque l’on manque de rigueur. Plusieurs de mes connaissances issues du système scolaire français n’ont pas su poursuivre leurs études ici.
En plus de cela, l’enseignement anglo-saxon est particulièrement exigeant. Certains cours requièrent la lecture de plus de 150 pages par jour, ce qui est pratiquement impossible. Je pense toutefois que cela permet d’accélérer sa méthode de travail afin de rapidement trouver les informations clés.
Une autre différence majeure est l’importance que ce système porte aux expériences autres que scolaires. Il valorise notamment les expériences en entreprise, la pratique d’un sport, l’implication dans une association étudiante ou même l’apprentissage d’une langue. Certains étudiants parviennent par exemple à entrer à McGill ou dans les universités de la Ivy League (qui sont les plus prestigieuses aux États-Unis) uniquement grâce à leur pratique sportive. Le parcours de vie et les résultats comptent de manière équivalente.
À part ça, les étudiants portent ici un amour incroyable à leur université. Notre diplôme est très valorisé tout au long de notre vie et il arrive donc que les alumnis (anciens étudiants) fassent des dons à l’université. Récemment, un don colossal a été fait pour créer la Retail School of Management dans ma faculté. J’espère un jour pouvoir faire de même !
QUELS SOUVENIRS GARDES-TU DU LYCÉE FRANÇAIS DE VARSOVIE ?
Je ne garde que des bons souvenirs de ce lycée. Un des meilleurs souvenirs était la proximité entre les étudiants et les professeurs. Le fait que nous soyons assez peu nombreux favorise et personnalise énormément l’apprentissage.
Le quartier de Saska Kępa était génial pour sortir manger un morceau, chose que j’adore !
AS-TU TOUJOURS UN LIEN AVEC LE FRANÇAIS ET LA CULTURE FRANÇAISE DANS TA VIE PRIVÉE ET/OU PROFESSIONNELLE ?
C’est drôle car je parlais de ça avec mon père il y a 10 jours.
Dans les affaires, je préfère honnêtement parler anglais, c’est la langue du business. Je suis tout de même sur les réseaux sociaux quelques entrepreneurs français inspirants. Dans ma vie personnelle, je n’ai jamais été en couple avec une compagne française. Aujourd’hui, je partage ma vie avec une Polonaise, mais qui parle très bien français ! Au Canada, les gens viennent de partout dans le monde. J’ai des amis canadiens anglophones ou francophones, américains, français, chinois, italiens… Mon but est d’avoir le passeport canadien d’ici une ou deux années. Je le mériterais bien après 10 ans de loyauté au pays !
Tous mes proches sont français et basés en France à part mon petit frère (qui était aussi au LFV) et qui est lui en Suisse.
POUR QUELLES RAISONS RECOMMANDERAIS-TU LE LYCÉE FRANÇAIS DE VARSOVIE ?
Dans l’ensemble je recommanderais le LFV car j’ai trouvé qu’il y avait une bonne ambiance, l’intégration y était facile et les professeurs avaient un très bon niveau.