Après plusieurs expériences à l’étranger, c’est il y a 8 ans que Yannis Begard rejoint le Lycée français de Varsovie pour y enseigner la philosophie (mais pas que). Encore souvent mal comprise, il nous éclaire sur cette discipline et confie quelques conseils à nos élèves pour réussir au mieux leur épreuve écrite de philosophie au Baccalauréat…
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Après avoir étudié à la Sorbonne à Paris et m’être spécialisé en philosophie de l’art, j’ai d’abord exercé au Vietnam, puis en Équateur avant de rejoindre le Lycée français de Varsovie en 2014.
Au cours de ma carrière, j’ai donc enseigné la philosophie, mais aussi le français et l’éducation morale et civique. Et aujourd’hui, à Varsovie, j’enseigne la philosophie et la spécialité « Humanités, littérature et philosophie », en plus de m’occuper de l’orientation scolaire et professionnelle des élèves.
De quelle façon s’articulent vos cours ?
Je m’efforce de les construire comme des dissertations, c’est-à-dire dans une démarche de résolution de problème. Ainsi, par imitation, les élèves peuvent acquérir plus facilement des méthodes qui en début d’année scolaire leur sont peu familières.
Je privilégie par ailleurs le format dialogué, qui préserve selon moi un accès relativement simple à la discipline. En terminale, les élèves ont tous 4 heures de philosophie par semaine, ce qui fait que cet enseignement doit rester abordable pour chacun, tout en maintenant des exigences fortes, notamment de cohérence logique.
Existe-t-il selon vous des différences entre la philosophie et la spécialité « Humanités » ?
Pour moi, l’enseignement de spécialité mobilise d’autres pratiques. Son objectif est de fournir aux élèves une culture générale solide dans le domaine des Humanités et son enseignement ne se limite donc pas à l’étude des textes classiques.
À la place, cette spécialité invite par exemple à l’organisation de sorties au cinéma, dans des musées ou galeries, ce qui contribue ainsi à renforcer le lien entre nos enseignements et le pays d’accueil.
Son intérêt principal réside probablement dans le fait qu’elle soit enseignée à la fois par un professeur de lettres et par un professeur de philosophie, ce qui implique un travail d’équipe qui me plaît beaucoup.
De votre point de vue, qu’apporte l’enseignement de la philosophie aux élèves ?
L’enseignement de la philosophie est intéressant pour les élèves, car il se joint aux autres disciplines pour cultiver leur esprit critique. Parfois, il fait écho à ces autres disciplines en incitant par exemple les élèves à exploiter leurs connaissances en sciences humaines ou sciences dures.
Pour quelles raisons diriez-vous que c’est un enseignement à défendre ?
Parce qu’elle questionne des valeurs que nos sociétés ont tendance à idolâtrer comme l’utilité ou la performance…
De manière plus abstraite, elle nous apprend la différence entre être sceptique et être cynique et elle réconcilie esprit d’analyse et créativité.
Quels conseils donneriez-vous aux élèves pour réussir leur épreuve de philosophie au Baccalauréat ?
Mon premier conseil pour cette épreuve est de travailler avec constance jusqu’aux derniers jours la précédant, car je pense qu’il est important aux yeux d’un correcteur du Baccalauréat de pouvoir retrouver dans une copie la trace d’un travail de plusieurs mois. Dans le format actuel du Baccalauréat, l’épreuve écrite de philosophie est désormais la seule épreuve écrite commune qui se déroule en fin d’année scolaire au mois de juin, ce qui laisse du temps aux élèves pour s’approprier ses méthodes spécifiques.
Je conseille également aux lycéens de rédiger leur travail, en particulier les dissertations, animés par un esprit d’investigation et une volonté de démonstration.
Plus concrètement, en ce qui concerne les révisions, je recommande de sélectionner un ou deux textes par chapitre et de bien vérifier que l’on est capable de mobiliser avec précision les éléments du cours pour en rendre compte.